L’équipe de la CIFR a récemment communiqué avec la Dre Linda Snell, FRCPC, professeure de médecine et membre clé du corps professoral du Centre d’éducation médicale de l’Université McGill, pour savoir comment l’Université McGill s’y prend pour accroître les compétences des résidents en enseignement par l’entremise de méthodes de simulation. La Dre Snell copréside également la CIFR 2014 et elle contribue au projet CanMEDS 2015.
Parce que c’est avantageux pour les résidents, leurs étudiants et le système. D’abord, les résidents qui savent enseigner et se sentent plus à l’aise avec l’enseignement éprouvent plus de satisfaction à l’égard de leur travail et sont plus enthousiastes. Les observations récentes suggèrent également que les résidents qui enseignent bien apprennent davantage : « Enseigner, c’est apprendre deux fois », dit le proverbe.
Ensuite, selon des données assez fiables, l’enseignement offert aux étudiants par une personne qui se rapproche de leur niveau s’avère une méthode d’apprentissage efficace. Si l’enseignant est bon, l’environnement d’apprentissage sera positif. Il est également prouvé que les bons enseignants résidents ont une influence sur la satisfaction des étudiants, et même sur leur choix de carrière.
Il est tout aussi probable qu’ils aient un effet positif sur les soins dispensés aux patients. Pensez-y, les enseignants résidents dotés de solides aptitudes en communication et de bonnes connaissances médicales n’utilisent pas leurs compétences qu’avec leurs étudiants; ils les utilisent probablement avec leurs patients aussi.
Enfin, presque tous les programmes de résidence offrent un volet de résident en tant qu’enseignant et si les résidents enseignent dans les faits et que nous les incitons à enseigner, nous devons leur montrer comment.
Il existe donc une foule de raisons pour améliorer la façon dont les résidents enseignent.
Pourquoi avez-vous incorporé la simulation à votre programme de résident en tant qu’enseignant?
L’Université McGill offre le programme de résident en tant qu’enseignant depuis plus de 25 ans. D’abord réservé au département, nous l’offrons depuis une dizaine d’années à l’ensemble de la faculté et les résidents de tous les programmes peuvent participer à la formation d’une demi-journée. Nous avons eu recours à des miniconférences et des jeux de rôle; notre programme de résident en tant qu’enseignant a évolué au fil du temps et il a toujours connu un très grand succès. Cependant, nous avons cru pouvoir faire mieux en y intégrant la simulation; nous avons donc mis en œuvre une demi-journée de formation par simulation pour améliorer les compétences des résidents en enseignement.
Nous avons également la chance d’avoir un excellent centre de simulation sur place, et de pouvoir compter sur des acteurs bien formés. Nous avions déjà recours à la simulation, dans une certaine mesure, pour enseigner aux membres de notre corps professoral; il a donc été très facile de combiner les deux programmes.
En quoi la simulation est-elle utile aux résidents qui apprennent à enseigner?
Imaginez que l’on vous demande d’accomplir une tâche qui vous effraie un peu et qui exige que vous vous dépassiez, et que vous ayez le choix de vous exécuter devant un vrai patient avec un vrai étudiant ou de recourir à la simulation. Les enjeux sont très importants. La simulation créée des situations réelles et permet de s’exercer dans un milieu d’apprentissage sécuritaire, sans compromettre le bien-être du patient ou de l’étudiant. Les résidents qui apprennent à enseigner ont ainsi l’occasion de s’exercer à maintes reprises avant de vivre une situation réelle, de présenter une synthèse de ce qu’ils ont fait et de s’exercer davantage.
Nous avons aussi invité des résidents seniors à joindre la simulation, à titre de coanimateurs et co-responsables du débreffage. Comme ils font presque partie du corps professoral, ils ont alors l’occasion de passer à un niveau supérieur, soit le débreffage supervisé par un membre du corps professoral chevronné en la matière.
En quoi la formation par simulation diffère-t-elle du jeu de rôle?
Chaque résident a l’occasion de mettre en pratique les différents aspects de l’enseignement dans un contexte assez réaliste. Dans un jeu de rôle, les résidents forment de petits groupes où l’un joue le rôle de l’étudiant alors qu’un ou deux autres formulent des commentaires; ils discutent ensuite des commentaires recueillis, dirigés par un des membres du groupe.
Dans un centre de simulation, les acteurs sont formés selon divers scénarios et sont davantage préparés. Par exemple, dans le module d’enseignement au chevet des patients, un étudiant et des patients standardisés sont présents; le résident doit se joindre à eux et jouer le scénario, c’est-à-dire formuler des commentaires, enseigner au chevet des patients ou enseigner comment faire une intervention pratique. Ce n’est pas une situation réelle, mais elle s’en rapproche beaucoup plus qu’un jeu de rôle. Selon nous, plus on se rapproche de la réalité, meilleur est l’apprentissage.
Quels sont les défis associés à cette innovation?
Le recours à la simulation pour la première fois comporte toujours certains défis. Il faut élaborer des scénarios réalistes, réalisables et suffisamment génériques pour permettre aux résidents des différentes spécialités d’en tirer le même enseignement. Par exemple, la communication médecin-patient peut avoir une signification différente pour un chirurgien orthopédiste, un psychiatre ou un interne.
Cela dit, il ressort de nos propres programmes que, à certains détails près, vous enseignez les mêmes principes. À l’Université McGill, nous pouvions déjà compter sur certains scénarios élaborés lors de jeux de rôle précédents, et nous avons pu aisément les convertir en scénarios de simulation. L’accès à un centre de simulation exceptionnel et à des acteurs talentueux nous a également facilité la tâche. Si d’autres directeurs de programme songeaient à intégrer la simulation à leur programme, je leur conseillerais de ne pas réinventer la roue. Il existe déjà une foule de scénarios et de ressources; il suffit de chercher en ligne ou de consulter d’autres directeurs de programme à l’échelle du pays.
L’autre défi se répète pour toute autre formation d’une demi-journée. Tous les résidents qui enseignent sont admissibles à ce programme; nous l’offrons une fois l’an et nous acceptons 80 étudiants par séance. Ce nombre n’est pas très élevé si l’on tient compte des quelques centaines de résidents qui sont disposés à apprendre à enseigner. Avec un groupe de 80 résidents, il faut mobiliser plusieurs membres du corps professoral pour enseigner chacun des modules et il peut être difficile d’assurer la logistique. Heureusement, l’enthousiasme règne parmi le corps professoral et les résidents seniors.
Sinon, notre plus grand défi consiste à refuser des candidats, car les places s’envolent rapidement.
Quels sont les résultats obtenus?
La formation d’une demi-journée est très prisée. Les résidents raffolent de la simulation et ils sont très heureux d’y recourir pour accroître leurs compétences en enseignement. À l’instar de tous nos programmes, les résidents et membres du corps professoral sont invités à évaluer l’activité en ligne après la séance. La rétroaction est très positive. Les résidents affirment que le module a répondu à leurs besoins et qu’ils le recommanderaient à leurs collègues. Selon eux, la formation leur a permis de s’exercer davantage, et leurs compétences en enseignement se sont améliorées.
Nous en avons donc conclu que la simulation est un bon moyen d’aider les résidents à réaliser deux objectifs, soit de s’investir dans leur rôle d’enseignant et d’accroître leurs compétences perçues en enseignement.
Que comptez-vous faire à partir de maintenant?
Nous aimerions augmenter le nombre et le type de modules offerts. J’aimerais en ajouter un sur l’évaluation et un autre sur les rôles CanMEDS. Nous avons créé un module sur l’enseignement lorsque vous n’avez pas le temps d’enseigner, mais nous ne l’avons pas encore adapté au contexte de la simulation. Nous comptons ajouter un module chaque année; pour ce faire, nous devrons peut-être trouver d’autres locaux. Mais cela est certainement réalisable.
Je crois aussi qu’il serait intéressant de voir à quel point la simulation aide les résidents dans un contexte clinique. J’aimerais suivre les résidents et vérifier la qualité de leur enseignement dans un milieu de pratique réel, après qu’ils aient participé à l’un de nos modules.
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